49 - Montreuil Bellay

Située au carrefour de l’Anjou, de la Touraine et du Poitou, elle devient dès le Moyen Age un enjeu pour les puissances féodales rivales. Après avoir alimenté les moulins, le Thouet en devenant navigable jusqu’à Montreuil-Bellay, accentue le rôle incontournable de la ville dans le négoce de la région.

Les organisations ecclésiastiques, administratives seront influencées, elles-aussi par cette situation stratégique. Ces atouts favoriseront l’émergence de Montreuil-Bellay comme un centre administratif et commercial jusqu’au XVIIIème siècle qui verra la prédominance de Saumur s’affirmer par sa nomination en tant que Sous-Préfecture par la jeune République.

Les quartiers de Saint Eloi, de Rasibus et de l’Ardenne seraient les lieux d’un premier peuplement antérieur à l’an mille à l’emplacement des premières traces d’agglomération, encore modeste, avec un habitat troglodytique et de modestes masures.

Au pied de l’actuel château, au débouché du gué permettant la liaison en direction d’Angers par l’actuelle rue Chèvre, se serait développé le premier noyau urbain. C’est d’ailleurs sur ce site, à la rencontre des axes, que s’édifie la première église, Saint Pierre.

Château de Montreuil-Bellay, des xie, xiiie, xive et xviie siècles,

Quelques lignes d'une histoire glorieuse :

La première citadelle est construite au onzième siècle par Foulque Nerra, Comte d'Anjou, sur les fondations d'un oppidum romain. Infatigable guerrier, insatiable bâtisseur, Foulque Nerra, dit le Faucon Noir, appartient au cercle étroit des fidèles du Roi de France, Hughes Capet.

De sa descendance naît la dynastie des Plantagenêt qui règne sur l'Angleterre de 1154 à 1485, et notamment : Geoffroy Plantagenêt, Henri II Plantagenêt et son épouse Aliénor d'Aquitaine, Richard Coeur de Lion,  Jean sans Terre ... Certains de leurs gisants se trouvent à l'Abbaye de Fontevraud.

Foulques Nerra confie la citadelle à son vassal Giraud Berlay, devenu Bellay, et Montreuil-Bellay gagne sa réputation de place imprenable sur le front des luttes entre le trône d'Angletere et la couronne de France. Il faudra un siège de trois ans, entre 1148 et 1151, pour permettre à Geoffroy Plantagenêt, Comte d’Anjou, de réduire la résistance que lui oppose Giraud II Berlay.

L'attachement des Berlay à la couronne de France conduit le Roi Philippe Auguste en 1208 et le Roi Louis VIII en 1224 à tenir leur cour au Château de Montreuil-Bellay. 

Au treizème siècle, Montreuil-Bellay, entouré des immenses forêts de la Seigneurie, est un grand centre de vennerie et de fauconnerie. Les fêtes fastueuses s'y multiplient.

Au quatorzième siècle débute la Guerre de Cent Ans. Les populations affamées se réfugient dans les douves du Château et dans les monastères voisins, tandis que le Seigneur de Montreuil-Bellay, Guillaume de Melun-Tancarville meurt glorieusement en 1415 à la bataille d'Azincourt. Son petit-fils, Guillaume d'Harcourt, épouse Yolande de Laval, belle soeur du Roi René.

Henri II d'Orléans, Duc de Longueville, hérite du Château. Ambassadeur, celui-ci signera en 1648 le traité de Westphalie qui met fin à la Guerre de Trente Ans. Son épouse, Geneviève de Condé, instigatrice de la Fronde avec son frère, le Grand Condé, est contrainte par Louis XIV à l'exil derrière les murailles de son Château de Montreuil-Bellay. Elle entraîne avec elle ses nombreux admirateurs, dont La Rochefoucault et Turenne, pour se désennuyer.

Les Guerres de Religions éclatent : catholiques et protestants viendront tour à tour se ravitailler en armes et munitions à Montreuil-Bellay.

Au cours de la Révolution, Jean-Bretagne de La Trémoille, Seigneur de Montreuil-Bellay, reste fidèle au Roi Louis XVI. Sa lourde charge de Maréchal le tient éloigné de son Château qui sera réquisitionné et transformé en prison pour femmes monarchistes.

Après la Révolution, le Château est acheté par un riche commerçant de Saumur dont la fille épouse le Baron Alexandre Adrien de Grandmaison, Officier de la garde de Charles X. Ceux-ci remettront en état le Château qu'ils lègueront à leur neveu Georges de Grandmaison, arrière petit-fils du Général Mouton, Comte de Lobau, Maréchal de France, aide de camp de l'Empereur Napoléon 1er.

Georges de Grandmaison, maire de Montreuil-Bellay pendant 16 ans et parlementaire de l'arrondissement de Saumur pendant près d'un demi-siècle, ouvre le Château aux blessés de la Guerre de 14-18. Près de 1.200 soldats seront soignés dans cet hôpital insolite.

 

Le Château appartient aujourd'hui encore à la même famille qui s'efforce de l'entretenir pour en partager l'histoire glorieuse et la beauté.

Collégiale Notre Dame

La collégiale Notre-Dame est l'ancienne chapelle du château construite par Guillaume d'Harcourt, seigneur de Montreuil entre 1472 et 1484. Elle est située dans les murs et est alors servie par des chanoines dont on peut encore visiter les loges dans l'enceinte du château.

Elle est offerte à la paroisse en 1810 à la suite de la désaffectation de l'église Saint-Pierre qui menaçait de tomber en ruines.

En 1863, Madame de Grandmaison fait construire un pont au-dessus des douves pour donner un accès direct à l'église sans passer par la cour du château.

À l'intérieur, chacune des 5 travées est couverte d'une voûte d'ogives bombée, dite voûte angevine. La nef, très lumineuse, est particulièrement élégante.